Thérèse d'Avila

Thérèse d'Avila une maitresse spirituelle

C'est en prenant conscience de l’humanité du Christ que Thérèse a été saisie, happée dans son retournement spirituel. Poussée par le désir de partager avec les autres son saisissement, elle le décrit d’une façon vivante et simple, à la portée de tous, puisqu’il s’agit tout simplement dit-elle “d’un commerce d’amitié avec Celui dont nous savons qu’Il nous aime” (Vie 8,5).

Bien souvent son récit lui-même se transforme en prière, comme si elle désirait introduire le lecteur dans son dialogue intérieur avec le Christ. L’oraison de Thérèse n’était pas une oraison réservée uniquement à un lieu ou un moment de la journée : elle surgissait spontanément dans les occasion les plus variées : “Ce serait un peu fort si nous ne pouvions faire oraison que dans les recoins !” (Fondations 5,16).

Elle était convaincue de la valeur d’une oraison “qui ne cessait jamais”, même si elle était imparfaite. La Sainte nous demande d’être persévérants, fidèles, même au milieu de la sécheresse, des difficultés personnelles ou des travaux contraignants qui nous réclament. Pour renouveler aujourd’hui la vie consacrée, Thérèse nous a laissé un trésor, empli de propositions concrètes, de chemins et de méthodes pour prier qui, loin de nous enfermer en nous-mêmes ou de mener à la recherche d’un simple équilibre intérieur, nous font toujours repartir de Jésus et constituent une école authentique de croissance dans l’amour de Dieu et du prochain.

2. A partir du jour de sa rencontre avec Jésus flagellé, Sainte Thérèse a vécu “une autre vie” ...

Elle est devenue une inlassable porte-parole de l’Évangile ; (cf. Vie 23,1). Dans son désir de servir l’Église, et voyant les graves problèmes de son temps, elle ne s’est pas limitée à être une spectatrice des réalités qui l’entouraient. Selon sa condition de femme et avec les limites que lui imposait sa santé, elle a décidé, dit-elle, de faire “ce tout petit peu qui était à ma portée, c’est à dire suivre les conseils évangéliques aussi parfaitement que possible et tâcher d’obtenir que les quelques religieuses qui sont ici fassent la même chose” (Chemin de perfection 1, 2).

C’est ainsi que commença la réforme thérèsienne ; Thérèse demandait à ses sœurs de ne pas perdre leur temps en “traitant avec Dieu d’affaires de peu d’importance” alors que “le monde est en feu” (Chemin 1,5). C’est cette dimension missionnaire et ecclésiale qui, depuis toujours caractérise le Carmel déchaussé. Comme elle l’a fait alors, aujourd’hui encore la Sainte nous ouvre de nouveaux horizons, nous invite à une vaste entreprise ; voir le monde avec les yeux du Christ, pour rechercher ce que Lui recherche, et aimer ce qu’Il aime.

3. Une vie communautaire fraternelle

Sainte Thérèse savait que ni l’oraison ni la mission ne peuvent tenir bon sans une authentique vie communautaire, c’est pour cela qu’elle a placé la vie fraternelle comme fondement dans ses monastères : “Ici toutes doivent être amies, toutes doivent s’aimer, toutes doivent s’entraider” (Chemin 4, 7), et elle estimait très important de mettre en garde ses religieuses sur le danger de se considérer d’abord soi-même dans la vie fraternelle : “Tout, ou presque tout, consiste à cesser de nous soucier de nous-mêmes et de notre bien-être” (Chemin 12,2) et à mettre tout ce que nous sommes au service des autres.

Pour éviter les risques, la Sainte d’Avila met au plus haut point pour ses sœurs la vertu d’humilité, qui n’est ni se rabaisser soi-même extérieurement, ni se retirer intérieurement au fond de l’âme, mais se connaître soi-même et reconnaître ce que Dieu peut faire de nous. C’est tout le contraire de ce qu’elle appelle “la negra honra” (excès d’amour propre) (Vie 31,23), source de commérages, de jalousies et de critiques, qui nuisent gravement à la relation avec les autres.

L’humilité thérèsienne est faite d’acceptation de soi-même, de conscience de sa propre dignité, d’audace missionnaire, de reconnaissance et d’abandon en Dieu. Avec de telles racines, les communautés thérèsiennes sont appelées à devenir des demeures de communion, qui portent un témoignage de l’amour fraternel comme de l’amour maternel de l’Église, en présentant au Seigneur les besoins de notre monde, déchiré par les divisions et les guerres.

Thèrèse d'Avila, une femme engagée

Lorsque l'on aborde les écrits de Thérèse, on est frappé d'y déceler trois caractéristiques dans sa façon de relater ses expériences et de les transcrire.

1- Une autobiographie engagée.

Comme tous les mystiques, Thérèse parle de son expérience et de rien d’autre ;

« Je le dis parce que je le sais par expérience On peut me croire, je l’ai expérimenté .. dit-elle …(Vida 11.13-14); « J’ai une grande expérience sur ce point. C’est un fait que j’ai constaté…. » (Vida 11,15).

On a l’impression, en la lisant, que le mystère qu'elle évoque est plus vivant que le réel.
Le mot « expérience » revient souvent et donne du poids à ce qu’elle écrit ; elle veut transmettre ce qu’elle croit à son lecteur.
On perçoit derrière sa plume une forte personnalité, et en même temps, comme une mise en retrait d'elle-même pour donner à vivre une émotion positive puissante ;

Je me rappelle que lorsque je sortis de la maison de mon père (pour entrer au couvent) j’éprouvais de telles angoisses que la mort ne saurait m’en réserver de plus vives.. La lutte fut telle si le Seigneur ne m’avait secouru, toutes mes considérations eussent été impuissantes à me faire avancer. Il me donna le courage de triompher de moi-même et je pus réaliser mon dessein.[…] Aussitôt j’éprouvais une telle joie d’être dans l’état religieux que depuis lors, je n’ai jamais cessé de la goûter.… » (Vie 4,1-2)

Elle dit avoir fait l’expérience du désenchantement de la vie :

tout est bref, tout est néant ; tout fatigue (Vie 15,11) ; la terre est une misère ;  elle termine le récit de sa vie en disant : « la vie  m’est devenue comme une sorte de rêve ; il me semble presque toujours que tout ce que je vis est un rêve ; je ne découvre en moi ni joie, ni peine profonde. Si j’en éprouve parfois, cela passe avec tant de rapidité que j’en suis étonnée et je n’en suis pas plus touchée que d’un rêve.» (40,22)

Telle est l’expérience que Thérèse a de la vie à l’approche de la cinquantaine. Pour elle, la vie véritable est au ciel. Mais entre cette vie misérable et l’autre, il y a le Christ, auquel elle s’attache éperdument ; il devient son ami, son médiateur, son compagnon indéfectible sur la route. Elle sent sa présence par empathie.
Lorsque son Confesseur lui demande comment elle reconnait cette Présence, elle répond avec une étonnante simplicité que c’est le Christ lui-même qui le lui dit, mais que c’était déjà « imprimé en elle, et, gravé en son âme de manière si évidente qu’elle en avait une certitude supérieure à celle que donne la vue.» (27,5).

Ces mots, imprimer et graver reviennent souvent ; ils disent d’une manière puissante la Présence intérieure et les influences positives ressenties; Tout cela saisit le lecteur.

2- C'est un écrit imagé qui fait signe

On dit que le langage est significatif, lorsqu'il est perçu comme étant en lien direct avec la vie.

Thérèse est pédagogue. Elle sait que pour transmettre quelque chose de vrai, il faut parler vrai, et, ce qu'elle écrit vient effectivement de l’épaisseur de sa vie personnelle. Elle cherche donc des nouvelles manières de s'exprimer.

 Où trouverai-je des expressions capables de faire comprendre ce que vous donnez à ceux qui mettent en vous leur confiance et ce que perdent ceux qui restent attachés à eux-mêmes », dit-elle à Dieu (32, 17).

Thérèse dit les choses comme elles sont,  sans cérémonie , ni compliment, et, sans se préoccuper du « quand dira-t-on ».

Elle écrit comme elle parle sans « maquiller » le réel. Et ainsi, elle entraîne son lecteur à percevoir la vérité des choses et de Dieu.

Nous prenions (elle et son frère) plaisir à nous redire souvent : Pour toujours, toujours, toujours !
Quand j’avais répété un certain nombre de fois ces paroles, le Seigneur m’accordait la grâce, malgré mon jeune âge, de me faire comprendre ce que c’est que le chemin de la vérité. » (Vie 1,5).

Cette répétition « pour toujours, toujours, toujours », un peu comme un mantra, devient pour elle et ceux qui l’écoutent, une sorte de représentation idéalisée de l’éternité. C’est dans ce « toujours » qu’elle se dilate et qu’elle communique quelque chose d’un durable infini et de la vérité. Cette quête de la vérité sera jusqu’à la fin de sa vie, son stimulant et son aiguillon.

Le rire : Thérèse rit beaucoup et se rit de tout : d’elle-même, des confesseurs (37,5), de l’argent (20,27), du démon (31,3) de l’Inquisition (33,5), du formalisme social (38,4), de ses propres discours.

C’est une manière pour elle, de se mettre à distance stratégique de son MOI, de relativiser et de critiquer poliment ce qui ne lui convient pas, même lorsqu'il s'agit du langage de foi de l’Eglise, dont le style lui paraît parfois dénué de sens et de contenu, parce que déconnecté du réel.

3- C'est un langage persuasif : il produit du fruit, engendre des effets positifs

Thérèse écrit dans le but de persuader,, de transmettre ses découvertes de Dieu, son attachement à la Sainte Humanité du Christ, et d’entraîner son lecteur à faire les mêmes expériences qu’elle.

Elle désire tant que les transformations qu’opère en elle la Grâce, s'accomplissent aussi chez les autres , « pour leur faciliter la vie ».
Car, dit-elle, ces expériences (de l’oraison) produisent des effets positifs.

Et elle en fait toute une liste (cf. chap 6, 3-4 de sa vie) :

 Je ne disais de mal de personne, si petit qu’il fût ;
J’évitais d’une façon habituelle toute médisance, n’oubliant que je ne devais ni vouloir pour les autres ni en dire ce que je ne voulais pas qu’on dise de moi-même. J’y veillais avec un soin extrême dans les occasions qui se présentaient….
J’engageais donc si bien mes compagnes et les personnes que je voyais à suivre cette ligne de conduite, qu’elles en contractèrent l’habitude. On en vint à se persuader que là où j’étais la réputation du prochain n’avait rien à craindre, et qu’il en étaient de même là où se trouvaient mes amies, mes parentes ou celles que j’instruisais….
J’aimais à traiter et parler des choses de Dieu, quand l’occasion s’en présentait ; j’y trouvais plus de contentement et de joie que dans toute la politesse ou, pour mieux dire, dans la grossièreté des conversations du monde….
J’affectionnais extrêmement la lecture des bons livres. Un repentir très profond s’emparait de moi , dès que j’avais offensé Dieu…etc…)

On le voit le langage de Thérèse est persuasif ; elle parvient à entraîner les autres sur le chemin de l’oraison, à leur en communiquer «le désir ». Si le rire est contagieux, l’amour ou la tristesse le sont aussi.

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